Entretien avec un vampire de Anne Rice

Entretien-avec-un-vampireLe fantastique et moi, ça aurait pu être une grande histoire d’amour. Tout avait bien commencé avec trois sagas qui ont su me faire rêver. Mais, après Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux et A la croisée des mondes, j’ai désormais beaucoup de mal à trouver un substitut qui pourrait les égaler. Et pourtant, j’en suis sûre, le fantastique et moi, on est fait pour s’entendre.

C’est pourquoi, quand j’ai retrouvé Entretien avec un vampire de Anne Rice dans ma bibliothèque, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion. D’abord parce que c’est presque un classique du genre, Anne Rice a littéralement révolutionné le mythe du vampire avec le personnage de Louis. Mais surtout parce que j’ai vu l’adaptation de Neil Jordan qui m’avait beaucoup plue. Je ne prenais donc aucun risque.

Je ne m’attarderai pas sur l’histoire en elle-même car, grâce au film, vous avez probablement tous déjà découvert les déboires de Louis, propulsé un peu malgré lui dans le rôle de vampire en 1791. Mais notre jeune vampire a du mal à suivre le scénario que Lestat, son créateur, a prévu pour lui. Encore hanté par le décès de son jeune frère dont il se sentait responsable, Louis espérait que sa nouvelle nature ferait disparaître ses souffrances. Grossière erreur. Entretien avec un vampire va donc vous menez dans les méandres de l’esprit torturé d’un vampire mélancolique tourmenté par sa condition d’assassin. Tout un programme !

Il y a deux aspects très intéressants dans ce roman. Tout d’abord les personnages ! Louis est à la limite de la mièvrerie mais toujours très juste dans son ressenti tandis que le cynisme de Lestat ne pouvait que me plaire. Mais Claudia est de loin le personnage le plus intéressant du roman. Créée par Lestat pour empêcher Louis de le quitter, ce petit vampire enfermé dans un corps d’enfant de 5 ans va tout faire pour que vous l’aimiez et la détestiez à la fois. Elle héritera d’ailleurs de la cruauté de Lestat et de la sensibilité de Louis, ce qui en fera un des personnages les plus complexes du roman.

Le deuxième point digne d’intérêt, ce sont tous les questionnements de Louis et de ses congénères sur leur condition de vampire. Sur l’esthétique et la morale d’abord, notamment sur la beauté de la mort, mais aussi  sur l’existence de Dieu, l’immortalité et le sens d’une vie de damné. Il y a une véritable réflexion sur le rôle du vampire, ses origines et son avenir qui pose une question importante : Serions-nous prêts à tout sacrifier en échange d’une vie d’immortel ?

« L’antagonisme réside dans le rapport entre l’éthique de l’artiste et celle de la société, pas entre l’esthétique et la moralité. Mais cela est rarement compris; et c’est là tout le gâchis, toute la tragédie. […] Mais je ne faisais pas grand cas de cela, à cette époque. J’ignorais ces choses-là. Je croyais tuer des animaux uniquement pour des raisons esthétiques et j’esquivais la grande question morale, à savoir si, du fait de ma nature même, j’étais ou non damné. »

On a souvent reproché à Anne Rice certaines longueurs dans ses descriptions. Je partais donc avec une petite appréhension, qui s’est rapidement révélée complètement fausse. Louis nous présente sa vision du monde, celle que lui confère ses yeux de vampire et qui, comme on peut s’en douter, nous dépasse totalement. Et qu’elle est belle la Nouvelle-Orléans du 19ème siècle à travers son regard ! Anne Rice a réussi à aiguiser tous mes sens pendant ma lecture. Donc, oui, chaque passage de ce roman est indispensable pour moi.

Pari gagné donc pour Anne Rice qui m’a réconciliée avec le fantastique. Lestat le vampire est déjà dans ma wish-list.

Et le film dans tout ça ? 

Par ce que OUI, dans un souci de PUR professionnalisme, j’ai revu le film.

S’il fallait vraiment émettre une critique sur le livre, je dirais que je me suis souvent perdue dans les transitions entre l’histoire de Louis et les échanges entre le vampire et son interviewer. Notamment par ce que ce dernier n’a pas de nom et qu’Anne Rice l’appelle « le jeune homme », ce qui est un peu flou dans une histoire qui ne comprend que des personnages jeunes, du moins en apparence. Mais, évidemment, c’est un problème qui ne se pose pas dans le film où les transitions sont fluides et claires.

Outre les coupures indispensables pour respecter les formats du film, il y a peu de changements vraiment significatifs. Comme par exemple le frère perdu qui se transforme en épouse enceinte, soit. Je suis par contre plus gênée avec la psychologie de certains héros du film. Anne Rice a un talent certain pour décrire ses personnages et je n’ai pas retrouvé cette finesse dans l’adaptation.

Capture d’écran 2015-06-08 à 12.38.42En particulier pour Claudia qui est de loin le vampire le plus fascinant que j’ai jamais rencontré. J’ai été charmée par sa sensualité et sa froideur, car, ne vous y trompez pas, Claudia est bien une femme. Son regard n’est plus celui d’une enfant et ça se voit. Et pourtant, j’ai trouvé la Claudia du film un peu enfantine sur certains aspects.

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J’ai aussi trouvé que Lestat était bien moins sensible que dans le livre, et donc moins attachant. On entrevoit dans le roman des fragments de son passé qui peuvent expliquer, en partie, le vampire qu’il est devenu. Mais de tout ça, il ne reste dans le film que le Lestat cruel qui mérite peut-être bien ce qui lui arrive. Dommage.

Anne Rice, Entretien avec un vampire, Plon, 2012.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Mitidollz dit :

    Le personnage de Claudia ne m’a pas vraiment fascinée ; mais en comparaison avec le caractère – en effet – enfantin du film, la Claudia du livre est intéressante. Etais-tu tombée sur les sources d’inspiration de l’auteur pour son personnage ? Sinon, moi aussi, j’ai apprécié l’esthétique et la réflexion de Louis. Je le relirai volontiers quand ça sera un peu plus lointain pour moi (je dois avoir un post qqpart sur mon blog sur le même livre :p)

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    1. La Désordonnée dit :

      J’ai lu pas mal de chose sur la fille d’Anne Rice qui aurait inspiré le personnage de Claudia, ce qui l’a rendue d’autant plus intéressante pour moi pendant ma lecture. J’ai été voir ton article sur le livre et j’en arrive à la même conclusion : j’aimerais continuer la chronique des vampires mais j’ai peur d’être déçue par les suivants !

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